Tuesday, July 08, 2008

قل لي : أوحشتِني !





تهوي اليد الغليظة على الباب الخشبي ، تتواطئ معها القدم العمياء وتركل الباب ، يهتز الباب مترجرجا مترنحا ، تفقد الحناجر أحبالها الصوتية تحت وطأة صراخها المحموم ، تمتد يد تائهة ، تلتقط الهاتف ، يأتيه صوتها لاجئا متكسرا ، ضارعا ، و مقاوما دموعا مخنوقة
- قل لي أوحشتِني !
يستغرب قولها ، يستفسر ، فتبتهل إليه ألا يسأل ، يردد وراءها ما تريد سماعه .
تمتلئ بصوته الدافئ ، تستنشق وجوده البعيد فلا تعبأ بخوفها الناشب أنيابه في حناياها ، تتجه نحو الباب الذي مازال يصارع القدم العمياء ، تصم أذنيها ، تجلس خلف الباب مستندة عليه ، تطوي أجنحة خوفها على رأسها فلا تراهم وهم يدخلون ، يعبرون على جسدها المحتمي بصوته ، يدهسونها بسانبك خيلهم ، يعبثون بعرائسها وكتبها ، يحطمون أواني زهورها ، يخفون عطورها في جيوبهم ، يبعثرون ملابسها ، يصادرون ملابسها الداخلية ، تسمعهم يضحكون وهم يتقاذفون عُريها بين أيديهم ، ينصرفون بعد أن تتلقى وعودهم بالعودة قريبا ، تلملم مابقي منها ، تلتقط صورته الملقاة على الأرض ، تعيدها إلى الإطار المهشم ، تجمع قطع الزجاج المتناثرة ، تعيد ترتيبها على الصورة ، تضمها إليها ، تهتف به : أوحشتََني
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Dis-moi: "tu me manques!"

قل لي : " أوحشتني!"
Intissar 'Abd El Mon'em

La rugueuse main s'abat sur la porte en bois. Le pied aveugle s'associe avec elle en lui donnant un coup de pied. La porte la porte se secoue en vibrant et chancelant. Les gorges perdent leurs cordes vocales sous l'effet des cris frénétiques. Une main égarée se tend pour prendre le téléphone. Sa voix brisée demandant refuge lui parvient. Suppliante et résistant à ses larmes étouffées, elle dit:
-- Dis-moi que je te manque!
Surpris par ce qu'elle dit, il la prie de lui expliquer ce qui s'est passé et elle le supplie de ne lui poser aucune question. Il répète après elle ce qu'elle a voulu entendre. Comblée de sa chaleureuse voix, elle aspire son odeur et son existence très lointaine. Elle ne s'intéresse plus à son angoisse qui lui enfonce les crocs dans les entrailles. Elle se dirige vers la porte qui continue à résister à l'aveugle pied. Elle fait la sourde oreille. Elle s'assoie derrière la porte en s'appuyant sur elle. Elle replie les ailes de sa frayeur sur sa tête et elle ne les voit pas entrer. Ils passent sur son corps réfugié dans sa voix. Ils la foulent avec les sabots de leurs chevaux. Ils se jouent de ses poupées et de ses bouquins et écrasent ses pots des fleurs. Ils cachent ses flacons de parfum dans leurs poches, dispersent ses belles robes et s'approprient ses sous-vêtements. Elle les entend éclater des rires tout en se lançant des mains sa nudité. Ils prennent congé et partent après avoir promis de retourner très prochainement. Elle ramasse ce qui est resté d'elle, tend la main vers sa photo gisante par terre et la remet dans le cadre détruit. Elle rassemble les fragments des verres éparpillés, les réorganise sur la photo qu'elle étreint tout en murmurant: "Tu me manques!".

Intissar 'Abd El Mon'em
Nouvelliste et romancière de l'Egypte

ترجمتها الأديبة التونسية
رفيقة أحلامي المسافرة
آسية السخيري